Mes chers Camarades,
En cette rentrée 2015, on parle beaucoup de la CGT dans les médias et il faut le reconnaître, pas toujours comme on le souhaiterait.
Mais est-ce une surprise ? Ce n’est pas nouveau.
Nous ne sommes pas tombés dans ce piège, nous avons tout de suite remis les pendules à l’heure.
La rentrée de la CGT, son contenu, ses objectifs, c’est elle qui en décide, ses militants, ses syndiqués, et personne d’autre.
On nous reproche par ailleurs de placer cette rentrée sous le signe de l’action avec deux journées d’initiatives et de grèves déjà programmées dans les prochains jours.
Les commentaires sont différents quand il s’agit de la FNSEA et son président tenant le même discours que GATTAZ sur le coût du travail et le poids des charges.
Nous ne sommes pas indifférents aux problèmes du monde de l’agriculture. Mais nous pensons aux salariés agricoles qui travaillent pour des salaires de misère et des horaires sans limite.
Ils ont toute leur place avec nous le 8 octobre prochain.
On a pu lire ou entendre çà et là : « A la CGT, ça ne change pas. Ils ne sont pas assez réformistes, ils ne comprennent rien à un monde qui bouge, il faut savoir s’adapter ».
« Ils prennent leurs rêves pour des réalités ».
L’esprit d’indignation, de résistance, de combativité, de luttes est inscrit dans nos gènes.
Nous sommes fiers que cet esprit déplaise aux tenants du capital ou ceux qui les représentent. Tant pis pour eux, nous ne sommes pas là pour leur faire faire plaisir.
Notre raison d’être, c’est la défense des intérêts des salariés, quel que soit leur statut social, des retraités, des précaires et des privés d’emploi.
Cela va faire 120 ans que cela dure et nous avons l’ambition que cela dure encore au moins autant.
Nous ne pouvons-nous résoudre à nous résigner, à accepter la situation que vivent des millions de personnes dans notre pays ou à l’échelle de la planète.
La situation tant nationale qu’internationale que nous connaissons depuis trop longtemps, et qui s’est encore dégradée durant l’été, ne fait que nous conforter.
Le drame que vivent des milliers de migrants est insupportable et indigne d’une société moderne. En 2014 déjà, c’est plus de 3500 personnes, femmes, hommes et enfants qui sont mortes noyées en Méditerranée. Depuis le début de l’année, cette situation s’est aggravée.
Elle nécessite, de manière urgente, une action coordonnée des états de l’Union Européenne, qui a une responsabilité dans ce problème.
Responsabilité suite aux différentes interventions militaires pilotées par les Etats-Unis, je pense à l’Irak, à la Lybie et d’autres, laissant ces pays dans le chaos.
C’est ce que s’apprête de nouveau à faire François Hollande.
Oui, nous pouvons le réaffirmer haut et fort, la guerre n’est jamais la solution. Nous sommes résolument pacifistes.
Responsabilité également de l’Union Européenne de ne pas avoir soutenu, avec détermination, les printemps arabes et les mouvements démocratiques naissants.
Dans ce cas là aussi, la démocratie a fait peur au monde des affaires et de la finance.
A l’inverse de cette indispensable réponse collective, on assiste à des replis nationalistes, chaque gouvernement se renvoyant tour à tour la responsabilité.
Ici, on parque les migrants dans des camps de fortune. Là-bas, on construit un mur. Ailleurs, on matraque ou on tire.
Partout, on fait le jeu des partis d’extrême droite plus ou moins fascisants.
Ces partis reprennent cette petite musique raciste qui consiste à désigner l’étranger, l’émigré responsable de tous nos problèmes comme c’est le cas ici avec le front national.
Faut-il rappeler que même si ce flux migratoire est plus important qu’ordinaire, il ne représente que 0,1% de la population européenne, c’est-à-dire rien du tout.
Faut-il rappeler encore que le dernier rapport de l’OCDE démontre une nouvelle fois que l’immigration est bel et bien une chance, qu’elle rapporte bien plus qu’elle ne coûte ?
Il aura fallu cette nouvelle tragédie en Autriche et l’effroyable image d’un enfant de 3 ans allongé mort sur une plage, pour que quelques réactions gouvernementales se fassent entendre.
Mais les tergiversations continuent. Combien faut-il en accueillir ? De quelle nationalité ? De quelle religion ? Ça suffit !!
Le droit d’asile doit être respecté sans conditions, c’est un droit universel.
La CGT doit s’exprimer plus fort sur le sujet, tant au niveau confédéral que dans les entreprises.
C’est vrai également en ce qui concerne les travailleurs détachés. Voilà une immigration qui ne gêne ni les patrons, ni les gouvernements, ni la Commission européenne.
Evidemment, ils en tirent profit.
Or, ce sont des questions majeures pour nous. Même si c’est difficile, ne soyons pas frileux dans notre combat contre le racisme et les idées xénophobes, contre les divisions entre salariés.
C’est pourquoi nous nous félicitons que durant cette même période, les luttes engagées au côté des travailleurs sans–papiers se soient poursuivies.
Et nous avons connu de nouveaux succès comme dans les Yvelines où les salariés intérimaires ont obtenu un engagement de l’entreprise pour obtenir les papiers nécessaires à leur régularisation.
Ce qui s’est traduit de surcroit par 400 adhésions à la CGT.
Saluer une nouvelle fois notre camarade de MANPOWER qui est présent parmi nous pour son témoignage.
Imaginez si les états européens, les institutions européennes ou internationales dépensaient autant d’énergie et d’argent pour s’occuper du drame des migrants qu’ils en ont usés pour peser sur les décisions démocratiques du peuple grec ?
La Grèce, parlons en justement. La situation de ce pays, de ses habitants, est l’affaire de tous les citoyens européens.
Les institutions financières, le FMI et la BCE en tête, la Commission européenne ainsi que les gouvernements ont décidé de faire de ce pays, un exemple.
C’est-à-dire, imposer une cure d’austérité à un peuple au nom d’intérêts financiers toujours plus gourmands.
Parmi les mesures les plus drastiques, une hausse de la TVA, y compris pour les produits de première nécessité comme l’eau, l’énergie ou l’alimentation ; une hausse des cotisations sociales, une réforme des retraites avec un report de l’âge de départ à 67 ans et j’en passe.
Nous devons continuer à fournir des explications économiques autour des problématiques de la dette, y compris en faisant le lien avec ce que nous vivons chez nous dans les collectivités territoriales, dans les hôpitaux où le remboursement des dettes justifie également les suppressions d’emplois, les restructurations et les fermetures de sites.
Les objectifs budgétaires imposés à Athènes sont extrêmement exigeants, voire impossible à atteindre. Plusieurs économistes de renom en conviennent. Mais, ne soyons pas dupes, au-delà de la question de la dette, c’est bien la question de la démocratie qui est en jeu.
Les marchés financiers, les dirigeants libéraux ou sociaux-démocrates tentent de démontrer aux peuples européens que quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, quoi qu’ils votent, ce ne sont pas eux qui décident, mais la finance, seule. Ce déni de démocratie, nous le vivons aussi en France, tant au niveau de ceux qui gouvernent que dans les entreprises.
Cette question est donc essentielle.
Notre soutien au peuple grec, nos critiques vis-à-vis des institutions européennes nous valent beaucoup de railleries, voire d’insultes.
Qu’importe, nous sommes dans le vrai.
Notre fierté, c’est l’hommage bien involontaire que nous a rendu Nathalie KOSCIUSKO MORIZET, NKM comme on dit, fin juin à la radio, je la cite : « il ne faudrait pas la Grèce devienne la CGT de l’Europe ».
Oui, une autre Europe est possible. Une Europe faite de solidarité et de progrès social.
Le syndicalisme européen a une grande responsabilité face à cette situation.
C’est le sens de notre engagement et de notre action dans la Confédération Européenne des Syndicats.
Le congrès de la CES, qui se tiendra à Paris à la fin du mois de Septembre, doit réaffirmer ces objectifs. Un syndicalisme moins institutionnel et plus près des salariés, un syndicalisme où négociation se conjugue avec action.
Un syndicalisme qui soutient la démocratie et le respect des exigences des peuples.
Enfin, un syndicalisme indépendant des états et du politique.
Nous ne sommes pas seuls à porter ces exigences. Saluons la position de la confédération allemande, le DGB, autour de la question grecque, tout comme le courrier adressé aux gouvernements européens par plusieurs premiers dirigeants confédéraux exigeant le respect du vote des citoyens en Grèce, le 10 juillet dernier.
Sans vouloir développer mon propos, je pense également bien sûr à la situation en Turquie et à la répression du peuple Kurde.
Et toujours les massacres dans les territoires occupés.
Si les autorités israéliennes ont dû se résoudre à réagir après l’incendie criminel du 31 juillet dernier, l’occupation des terres palestiniennes par des colons au mépris du droit international, ne peut rester sans réactions et décisions des institutions notamment européennes et françaises.
C’est pourquoi la CGT demande l’interdiction de l’importation des produits des colonies et d’imposer des règles claires aux entreprises françaises, comme nous le faisons vis-à-vis d’ORANGE.
En France, le gouvernement français poursuit à marche forcée sa politique de régression sociale.
La réforme territoriale imposée aux Français constitue clairement une étape supplémentaire en faveur de l’austérité.
Le gouvernement organise la mise en concurrence des territoires, et l’inégalité entre les citoyens.
En effet, le but de cette réforme territoriale, décidée à la va vite et sans aucune consultation préalable, n’est en aucun cas d’améliorer les services publics pour répondre aux besoins des populations.
Ce n’est pas non plus le fruit d’une réflexion aboutie sur un aménagement durable du territoire.
L’objectif affiché de cette réforme est de financer, encore, les cadeaux au patronat en concentrant les pouvoirs, en réduisant honteusement le montant des dotations de solidarité aux collectivités locales et en aggravant par-là même les méfaits des politiques d’austérité.
Que dire de l’adoption des lois REBSAMEN et MACRON durant l’été, à part que ce sont les preuves supplémentaires que le gouvernement n’a de cesse de s’acharner sur les droits des salariés !
La démocratie parlementaire est bafouée là aussi puisque la loi du petit protégé de l’Elysée a été adoptée à deux reprises grâce l’utilisation du 49-3, c’est-à-dire sans vote, c’est-à-dire en bafouant à nouveau la démocratie. Ces lois, nous les avons combattues.
Notre position ne souffre d’aucune ambiguïté. La loi MACRON, c’est moins de droits pour les salariés.
C’est imposer le travail du dimanche et le travail de nuit aux salariés sans aucune contrepartie, ne serait-ce que financière, c’est la remise en cause du Conseil des Prud’hommes, avec la volonté claire de casser toute possibilité de recours aux salariés, c’est la réduction des prérogatives et des missions des Inspecteurs du travail pour simplifier, encore !, les licenciements.
C’est aussi une vision de l’écologie qui consiste à remplacer les trains par les cars, en actant dans le même temps la privatisation des transports.
D’ailleurs, on n’arrête plus le très libéral MACRON. Il a enthousiasmé un parterre de patrons, GATTAZ en tête, aux universités d’été du MEDEF, en qualifiant d’erreur historique la réduction du temps de travail et les 35 heures.
Et il prétend connaître l’entreprise ! L’entreprise des patrons, oui, mais pas celle où travaillent des millions de salariés.
Pour des raisons politiciennes et la tenue d’autres universités à La Rochelle, VALLS s’est fendu d’une déclaration pour corriger les propos de son ministre.
Pourtant, c’est le même VALLS qui réaffirmait fin août dans le journal « Les Echos », je le cite : « Nous devons poursuivre les réformes engagées ».
On sait ce que le mot réforme veut dire quand c’est lui qui le dit. Vous le voyez, ce n’est pas le nom des ministres qui nous importent. C’est la politique menée par le gouvernement.
Mais nous sommes rassurés, HOLLANDE a promis lundi dernier de ne pas toucher aux SMIC, aux 35 heures et d’autres choses en favorisant la négociation de branches ou d’entreprises.
Valls l’a confirmé ce matin après avoir reçu De Combrexelle.
En fait, il officialise l’inversion de la hiérarchie des normes, c’est-à-dire la casse du code du travail.
La direction de Smart l’a bien compris. Ils proposent aux salariés de travailler 39 heures payées 37.
Nous sommes résolument contre. La loi doit rester le socle commun de tous les salariés quel que soit son entreprise ou son statut.
L’égalité devant la loi, c’est un des principes de la république.
L’exception ne doit devenir la règle.
Le bilan du gouvernement est lourd et la réalité incontestable. Le nombre de privés d’emploi bat des records et les derniers chiffres du mois de juillet ne trompent personne.
Il faut trouver du travail aux chômeurs, pas modifier les modes de calcul ou, pire, radier les demandeurs d’emplois en multipliant les contrôles.
Ce que demandent nos camarades et les salariés de Pôle-Emploi, ce sont des embauches pour bien faire leur travail et s’occuper dignement de ceux qui cherchent du boulot.
Ceux qui en trouvent restent de fait dans la précarité puisque c’est 84% des embauches qui aujourd’hui se font en CDD.
C’est bien l’échec de la politique affichée du gouvernement, ou plutôt la démonstration, qu’après le temps des promesses, il y a le temps de la soumission aux exigences de la finance et du patronat.
Faisons un bilan du pacte de responsabilité et des aides versées aux entreprises. Des milliards d’euros ont été donnés aux entreprises, près de 200 déjà, et ce n’est pas fini comme dirait la pub.
De l’argent public faut-il le rappeler ?
Ce sont évidemment ces mêmes milliards qui font défaut à la qualité des services et aux entreprises publiques, à l’hôpital, à l’enseignement.
Dans le même temps, les dividendes versés aux actionnaires explosent.
1167 milliards d’euros versés l’année dernière : c’est une augmentation de plus de 60% en 5 ans.
50 milliards de plus cette année pour les 10 plus grosses fortunes en France.
Je vous rappelle que le SMIC lui, n’a augmenté que de 0,8% sur la même période, soit un peu plus de 12 euros bruts par mois, et que le point d’indice des fonctionnaires est gelé pour la cinquième année consécutive.
Du jamais vu.
Sans parler de la fraude ou de l’évasion fiscale.
Et que dire de la prime de départ du directeur général d’ALCATEL qu’il touche en guise de remerciement pour l’ensemble de son œuvre de destruction du groupe.
Avec un parachute comme ça, on n’est pas près d’avoir les pieds qui touchent le sol !
Da l’argent, il y en a donc mais pas dans les bonnes poches.
Il ne s’agit pas de hiérarchiser les problèmes ou les revendications.
D’ailleurs ces dernières, ce sont les salariés qui en décident puis qui agissent pour les faire aboutir.
Et les sujets ne manquent pas. Pour autant, nous avons besoin d’alimenter un débat idéologique dont certains aimeraient nous faire croire qu’il n’a plus lieu d’être.
Et la NVO y contribue.
Je vous recommande la lecture du numéro de rentrée.
C’est dans ce sens que nous avons lancé une campagne sur les salaires dans le prolongement de celle sur le coût du capital.
Non, le salaire n’est pas un coût mais un investissement.
C’est la rémunération du capital qui coute cher, très cher.
L’augmentation des salaires et des pensions est donc une urgence économique et sociale.
Quand on parle salaire, on parle aussi salaire socialisé, c’est-à-dire des cotisations qui financent la protection sociale, la santé, la retraite.
Monsieur GATTAZ préfère parler du salaire net, reprenant la formule, l’important, c’est ce qu’il y a en bas de la feuille de paye. Une formule qu’on utilise encore trop souvent dans nos rangs à mon goût.
Le MEDEF ne se trompe pas, moins de cotisations, de charges comme ils disent, ce sont des milliards d’économies pour le patronat.
Et pourtant des exonérations, ils en ont déjà beaucoup.
Au contraire, nous affirmons que plus de salaire, c’est plus de ressources pour la protection sociale.
Nous avons formulé des propositions concrètes, je pense par exemple à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, comme le prévoit la loi.
Nous demandons que le SMIC, cible des attaques du patronat, soit augmenté car le salaire minimum doit rester une référence.
Cela doit s’accompagner par un relèvement des minimas dans les grilles de classification pour reconnaitre les diplômes et les qualifications.
La bataille autour des régimes complémentaires AGIRC/ARRCO est bien sûr essentielle pour la CGT.
Le MEDEF propose une régression sociale sans précédent avec un nouveau report de l’âge de départ et une baisse des pensions.
Nous avons fait des propositions alternatives, j’en ai évoqué une, la question de l’égalité salariale.
Cette campagne est bien cohérente avec la bataille sur la protection sociale, la santé et les retraites.
Au moment où nous célébrons le 70ème Anniversaire de la sécurité sociale, notre système solidaire, la journée d’action du 8 octobre fédère l’ensemble de ces thèmes.
La pétition de la CGT lancée fin mai demandant l’augmentation des salaires et la revalorisation immédiate des pensions a recueilli près de 180 000 signatures. Vous imaginez les dizaines de milliers de discussions, d’échanges que cela représente.
C’est aussi ça l’objectif d’une pétition. Nous devons prolonger nos efforts et ancrer ces discussions dans les entreprises. Encore trop peu d’initiatives ont été prises sur les lieux de travail.
Augmenter les salaires et réduire le temps de travail, c’est possible.
Ce n’est pas un délire de plus de la CGT, comme le disent certains.
Cela va dans le sens de l’histoire.
La baisse du temps du temps de travail a toujours été un des facteurs importants du progrès social.
La journée de 8 heures, les congés payés, la retraite à 60 ans, la semaine de 40 puis de 35 heures.
A chaque fois, les tenants du capital ont hurlé à la catastrophe et à la fin du monde.
Et pourtant, la France, le monde a continué de se développer, les entreprises à prospérer.
Les problèmes que connaît notre pays ne sont pas dus aux 35 heures. Tous ceux qui connaissent la réalité de la vie dans les entreprises, c’est-à-dire les salariés, le savent parfaitement. Le problème, c’est de ne pas avoir créé suffisamment d’emplois lors du passage aux 35 heures.
Le problème, c’est d’avoir cédé aux exigences du MEDEF en matière d’aménagement et d’annualisation du temps de travail, de flexibilité, de dérèglementation.
Cela a été fait par tous les gouvernements successifs depuis la promulgation de la loi.
Et l’Etat, une fois de plus, ne montre pas l’exemple quand on voit la situation des salariés de l’hôpital public.
Nous pouvons saluer la mobilisation du personnel comme celui de l’assistance publique/hôpitaux de Paris qui refusent, par une mobilisation exceptionnelle, le projet de HIRSH et de TOURAINE.
C’est un exemple à suivre partout. Salaires, Réduction du Temps de Travail, on nous accuse dans les milieux autorisés d’être à contre-courant.
Eh bien, être à contre-courant de ceux qui souhaitent un monde dans lequel la seule pensée unique, celle du capital, règnerait, cela ne nous gêne pas. Au contraire.
C’est pourquoi nous demandons au gouvernement que ces deux thèmes soient à l’ordre du jour du calendrier social de la rentrée, et peu importe s’ils nomment ça, « conférence sociale », « grande conférence » ou « conférence sociale thématique ».
Ce n’est pas une question de titre mais de contenu.
Qu’est ce qui justifierait la présence de la CGT dans une réunion avec le gouvernement et le MEDEF où l’objectif serait de casser le Code du travail et les garanties collectives ?
L’expérience nous démontre que sans rapport de force, nos propositions, les revendications des salariés restent toujours à la porte des réunions de négociation.
Ces questions revendicatives sont donc au cœur de la journée de mobilisation du 8 octobre prochain, comme pour nos camarades retraités le 1er octobre. Elles doivent s’adosser aux revendications et luttes des salariés dans les entreprises.
Nous voulons réaffirmer notre refus des politiques d’austérité et dire que des alternatives économiques et sociales existent.
Voilà notre ambition !
Les jeunes, les étudiants, sont les premières victimes de ces politiques d’austérité qui ne font que creuser les inégalités et hypothéquer les avenirs.
Permettre à la jeunesse d’être autonome, de faire des études et de construire son avenir devrait être un objectif politique constant.
Partout, il nous faut revendiquer l’élévation du niveau d’éducation et de culture et rappeler que ce sont de véritables leviers économique et sociaux, d’une part et, d’autre part, les bases d’une société basée sur les valeurs d’intégration.
Au lieu de cela, étudiants, jeunes et salariés, vivent au quotidien la précarité.
Faut-il rappeler que les jeunes sont les premières victimes de la crise avec un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne ?
Ce refus d’investir dans la jeunesse, malgré les promesses du gouvernement d’en faire une priorité, sont d’abord et avant tout les conséquences des politiques d’austérité menées en France et en Europe.
Cette question de la jeunesse fait partie de nos priorités. Nous nous félicitons que les organisations de jeunesse s’engagent à nos côtés le 8 octobre prochain.
Elles ont leurs revendications spécifiques et n’attendent pas de nous que l’on décide pour eux. Sachons leur laisser toute leur place dans nos initiatives et manifestations.
Nous avons initié une démarche unitaire depuis le 9 avril. Chacun d’entre vous connaît la difficulté de la tâche et le décalage qui existe pour certains entre les paroles et les actes, entre les postures et l’engagement.
Dans de nombreuses entreprises d’ailleurs, les choses sont différentes, pas plus faciles. La différence se fait toujours quand les salariés s’en mêlent.
L’unité est un combat, nous ne nous résignons pas, mais à chaque fois que nécessaire, nous savons prendre nos responsabilités. C’est ce que nous avons fait fin juin.
Le 8 octobre, s’il doit être réussi, ne constitue qu’une étape. Là aussi, associons les salariés pour envisager les suites à y donner rapidement.
Pour ce qui nous concerne, nous sommes disponibles et déterminés.
Malgré de nombreuses déclarations tant patronales que gouvernementales sur la faiblesse du syndicalisme, la réalité du fait syndical est toute autre.
Nous assistons à une recrudescence de la répression syndicale, avertissements, brimades, licenciements, j’en passe, et la remise en cause des droits individuels et collectifs.
La loi REBSAMEN sur le dialogue social a poursuivi son travail de déconstruction du Code du Travail afin de satisfaire aux exigences du patronat en diminuant drastiquement les moyens des IRP vient d’en apporter une nouvelle preuve.
Ils veulent peser sur notre conception du syndicalisme.
Je veux apporter mon soutien à tous les camarades, syndiqués ou militants, mais aussi les salariés qui, du fait de leur engagement, d’avoir lutté ou tout simplement d’avoir signé une pétition, sont menacés, sanctionnés ou licenciés et trainés devant les tribunaux.
Par exemple, Corinne Versigny, Secrétaire générale de l’union départementale de Gironde, coupable d’avoir envoyé un courrier à un patron. Un courrier dont les termes n’ont pas plus à ce monsieur.
Et pourtant, il y avait une formule de politesse à la fin !
Faudra-t-il que dans un avenir très proche, nos écrits, tracts ou courriers soient validés par le MEDEF avant d’être diffusés ?
Il en est de même pour la remise en cause des lieux d’accueil des salariés, les locaux syndicaux, les unions locales, les bourses du travail. Impossible de tous les citer évidemment mais je pense à Châteauroux, Foix, le Blanc Mesnil par exemple.
Après le Val d’Oise en Ile de France, nos camarades de Haute-Garonne ont obtenu une grande victoire à Toulouse en obligeant le maire de la ville à renoncer à son projet d’expulsion. Bien d’autres sont en perspectives si nous menons le combat.
Le respect des libertés et du fait syndical, du droit de se syndiquer, c’est là le sens de notre initiative du 23 septembre, partout dans le pays.
L’objectif n’est pas de passer pour des martyres et de dire que se syndiquer constituerait un danger, même si la peur des conséquences est la première raison évoquée par les salariés pour ne pas se syndiquer.
L’objectif est de montrer que le développement du syndicalisme va de pair avec la démocratie et le progrès social.
Une précision, si nous ne sommes pas assez nombreux et que la syndicalisation reste d’actualité, le nombre de syndiqués n’a pas diminué à la CGT.
Au contraire, nous sommes à ce jour et date à date en légère progression.
Cette rentrée 2015 et les défis auxquels nous sommes confrontés sont au cœur de la préparation de notre prochain congrès.
Rencontrer les salariés et les syndiqués là où ils travaillent dans le cadre du plan des 2000 visites de syndicats que nous avons engagé, reste une priorité pour la direction confédérale et l’ensemble de la CGT.
Des rencontres pour échanger, débattre, y compris quand on n’est pas d’accord. La CGT, c’est aussi la confrontation d’idées autour des thèmes que nous avons pointé dès le lancement de la préparation du congrès. Ne pas être d’accord entre nous, ce n’est pas un problème.
On discute, on décide et, tous ensembles, on met en œuvre.
C’est ça la CGT. C’est ça l’efficacité.
Vous le voyez mais vous le saviez, nous avons du pain sur la planche. Des succès, nous en obtenons, je pense à la victoire des FRALIB par exemple.
Il en existe bien d’autres, ils sont tous importants quel que soient leur nature ou leur importance dès lors que les revendications des salariés aboutissent.
Alors oui, mes chers camarades, après un repos bien mérité, les congés payés, c’est vraiment une grande conquête de la classe ouvrière, je reprendrai un slogan qui m’a rendu célèbre chez les métallos : « fermons les parasols et déployons les banderoles » !
Tous dans l’action et que la lutte continue !